Le bonheur des enfants

 

 

Jouets et parcs d'attraction, extrait de "Vivre heureux", de Christophe ANDRE, aux éditions Odile Jacob

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    Le rapport des enfants à leurs jouets a été complètement bouleversé par la société de consommations : alors que les jouets étaient autrefois rares et précieux pour l'enfant, qui en prenait grand soin, ils sont de nos jours totalement dévalorisés, oubliés ou jetés très vite après avoir été reçus. D'une certaine façon, les enfantsd'aujourd'hui sont de plus en plus indifférents à leurs jouets, bien plus en tout cas que ne l'étaient les enfants de jadis.
    On peut cependant redouter que ces achats répétés et banalisés de "promesses de bonheur" ne donnent de mauvaises habitudes, et ne fassent peu à peu perdre le sens, du bonheurs plus naturels ou immatériels, et par conséquent - du moins peut-on l'espérer - plus satisfaisants et durables. Par exemple, l'accumulation de jouet semble bien "produire" des enfants qui ne savent plus jouer et créer les univers nécessaires au plaisirs du jeu. Offrir un cadeau remplace-t-il vraiment le temps passé avec son enfant ?

     On peut aussi se demander si les parcs d'attractions, dont les plus aboutis restent les Disneyland, n'illustrent pas clairement l'exploitation commerciale maximale (et intelligente) des attentes de bonheur. Tout y est pléthorique dans le positif : musique joyeuse, spectacle souriants, jeux et jouets à profusion. Parfois pour le meilleur : l'étonnement joyeux des enfants découvrant les personnages de dessins animés "en vrai" sous forme de peluches géantes et amicales (quoi qu'un peu pressées). Souvent pour le pire : cette pléthore est agressante, surtout pour les tout-petits. Le parc offre çà et là le spectacle d'enfants hébétés par la surstimulation, de parents cèdent sur tout pour ne pas frustrer leurs rejetons et gâcher la journée.
    En fin d'après-midi, des caprices éclatent, des colères explosent, et plus personne ne rigole... Et les inégalités du bonheur se creusent encore plus, les différences entre familles se perçoivent, le parc d'attraction agit comme un révelateur : si les relations entre parents et enfants étaient médiocres, basées sur la culpabilité des uns et la tyranie des autres, la fin de journée entraîne en général des conflits et des reproches '"non seulement on t'offre une journée ici, mais encore tu nous casses les pieds..."), et les parents ressentent l'amertume d'un échec dans la tentative de donner du bonheur à leu enfant. Si ces relations étaient bonnes, on rigole et on remémore les bons moments de la journée.
    Je ne donne aucune leçon : en tant que père, j'ai moi-même fréquenté Disneyland... J'avoue même y avoir pris du plaisir avec mes enfants. Mais jamais autant que nous ne l'avions rêvé en imaginant la journée d'avance. Et je reste perplexe. Tous les ans, je passe une journée en tête à tête avec chacun de mes enfants pour leur anniversaire. Je me souviens d'avoir vécu, à une semaine d'intervalle, deux journées très différentes avec la deuxième de mes filles : l'une à Disneyland ; l'autre dans le bois de vincennes, à faire virevolter un cerf-volant. L'une saturée de bruits et d'images, joyeuse mais indigeste, pleine d'évenements. L'autre lente et ensoleillée, pleine de bavardages et de silences, pleines d'impressions. Laquelle comptera le plus pour elle dans ses souvenirs de bonheurs d'enfance ?

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Il aimerait avoir un scooter, par Anne Lanchon Psychologies magazine n°305 Mars 2011

Le scooter n'est pas un objet d'émancipation, mais de narcissisme.

En ville, il n'y a aucune raison de céder.
En rase campagne, on peut accepter, à condition que l'adolescent est mature. En cas de comportement irresponsable, le scooter retourne au garage.