Homme, femme mode d'emploi |
"Mars et Vénus" de John Gray Les ouvrages de psychologues regorgent d’analyses de ces dysfonctionnements qui amènent les couples à décider un jour de se séparer. Il y a d’une part les ruptures liées à l’infidélité amoureuse qui engendrent chez l’autre un sentiment de trahison ; la jalousie aussi, lorsque l’amour de l’un ou de l’une se fait trop excessif ; la disparition des idéaux de l’amour romantique, quand le prince charmant se transforme en ronchon bedonnant qui laisse sans cesse traîner son linge sale… Ou que la belle princesse n’est plus devenue à ses yeux qu’une harpie castratrice… L’affrontement des personnalités, les pratiques et les valeurs que l’on apporte avec son histoire familiale, les questions d’argent, l’angoisse de l’âge.., tout peut être prétexte à crise. Lorsque la reconnaissance et la valorisation par l’autre ne sont plus au rendez-vous, beaucoup s’en vont la rechercher ailleurs.
En fait, chaque individu envoie à l'autre ce qu'il attend pour lui-même.
Secrets de psys, ce qu'il faut savoir pour aller bien, Christophe André, éditions Odile Jacob Aborder les problèmes au fur et à mesure Exprimer des demandes claires Reconnaitre ses propres limites Pratiquer l'écoute empathique Accepter de voir l'autre en difficulté sans se sentir obliger de l'aider à tout prix Agir à bon escient Ne pas satisfaire systématiquement tous les désirs d'autrui Oser être soi
Piège de la commnication homme-femme : "la stratégie des chaussures bleues ou des chaussures dorées" Si votre femme vous demande "bleues ou dorées". Parfois cela ne marche pas,... mais quand cela fonctionne, elle passera une excellente soirée.
Cycle de l'amour : cycle hormonaux 1) La vision ( d'Apolon ou de Venus) Dans les 20 secondes, création d'un pic :
Remarque : ces 2 hormones sont produites par l'hypothalamus. Celui de l'homme est deux fois plus gros que celui de la femme. 2) La rencontre : la sélection d'un partenaire
3) Le coup foudre (dix-huit mois et 3 ans)
Mais les effets de ces hormones se dissipent avec le temps et une nouvelle décharge (revoir, parler, téléphoner, sexualité,...) est nécessaire pour entretenir cet état passionnel. A force de sollicitation, les récepteurs neuronaux saturées perdent leur capacité à répondre. Le désir n'est pas mort, simplement il est éprouvé... pour d'autres partenaires (Effet Coolidge) ! Effet Coolidge : Visitant une ferme modèle, Mme Coolidge découvre l'exceptionnel appetit sexuel du coq : "Dix fois par jour ? Vous devriez raconter ça à mon mari !". Peu après, Mr Coolidge demande "Dix fois par jour avec la même poule ?". Informé de la réponse négative, Mr Coolidge s'exclame "Vous devriez raconter ça à ma femme !". 4) L'attachement
Avec le temps, l'accoutumance neuronale entraine une baisse de ces hormones. Mais ces hormones peuvent revenir à tout moment, pour peu que l'on sache rallumer la flamme. 5) L'amour murissant : le véritable attachement
1) la fusion : toute relation (ou presque) commence par une attraction passionnelle. Cette étape est essentielle à la formation du couple, puisqu'elle crée la complicité. Cette étape piège le couple dans une idéalisation du partenaire qui finit au bout d'un certain temps (18 mois à 3 ans) par se briser et qui rendra la relation peu à peu étouffante, aliénante.
2) la différenciation : après la fusion et l'idéalisation de l'autre, les partenaires découvrent peu à peu leurs différences. Cette étape piège le couple dans une déception inelectable de l'autre. il n'est pas simple de rompre avec sa vision fantasmée de l'amour et d'accepter de vivre une relation qui ne soit pas tous les jours synonyme de plaisirs. Ce piège est renforcé par le fait que le retour à la réalité n'intervient pas simultanément chez les partenaires : celui qui vit encore dans l'idéalisation peut se croire abandonné, moins aimé, tandis que l'autre ne sentirera pas reconnu dans une relation devenue étouffante.
3) le rapprochement : c'est l'étape où l'on définit le sens de sa relation avec l'autre : le mariage, les enfants, l'achat d'une maison,... Consolidé par le temps, les épreuves partagés, le respect des différences,... cette étape piège le couple dans une situation qui tend à transformer l'amour en amitié et donc de sombrer dans la cohabitation heureuse, mais où le désir, les élans passionnés n'auraient plus leur place et lasser l'un ou l'autre des partenaires en mal d'un état amoureux plus pétillant.
1) la cohabitation : vivre ensemble sous le même toit,...
2) les enfants : avec l'arrivée d'un enfant... l'amour perd son objet exclusif, le partenaire. La crise menace quand l'amour conjugual se voit dénigré au seul profit de l'amour filial.
3) la retraite : les partenaires se retrouvent en tête à tête à longueur de journée. La difficulté tient dans l'adaptation à une nouvelle situation.
L'ennui semble sonner le glas de l'amour ; nous avons fait le tour de l'autre, nous n'avons plus rien à nous dire : "si je m'ennuie, c'est que je ne t'aime plus, que je te connais trop, que tu ne m'interesses plus." Grossière erreur, car nous ne le connaissons jamais vraiment. Tout comme nous ne nous connaissons jamais nous-même. Notre vocation humaine à l'insatisfaction est normale, structurelle, et n'est due ni à notre incompétence, ni l'incomplétude de l'autre. Pas la peine d'incriminer le couple dans cette affaire éminemment personnelle qu'est l'ennui. Mon ennui me concerne. C'est une belle chose à considérer, un symptôme qui m'interroge "Pourquoi l'ennui ? Qu'est ce donc ce moment où tout ce qui nous faisait vivre avant (nos projets, nos envies,...) ne me semble plus d'aucune utilité ?" et qui me dit : "Je ne regarde pas les choses comme il le faut." Le véritable ennui, ce n'est pas cette lassitude, cette sensation diffuse, mais une dimension atroce et intolérable de l'existence. Quand la langue de l'un résonne encore avec celle de l'autre, quand des harmoniques continuent de naître entre les deux, alors c'est sûr, l'amour est toujours là.
Les freins à une relation sexuelle épanouie 1) Les grands décalages : l'un est du matin, l'autre du soir, l'un est sexuel, l'autre est sensuel. Comment se rencontrer et s'épanouir lorsque chacun vit sur sa planète et à son rythme ? Les décalages existent dans tous les couples, c'est le mythe de la fusion qui entretient l'illusion qu'il suffit de trouver l'ame soeur pour vibrer éternellement sur la même longueur d'onde. le décalage devient obstacle quand le couple accumule de la frustation (si les besoins ne sont pas comblés) et de la rancoeur (su l'un cède pour faire plaisir à l'autre). Les deux partenaires finiront par conclure qu'ils ne sont pas faits pour vivre ensemble.
2) La paresse relationnelle : la routine, on le sait est la meilleure ennemie de la sexulaité. Même lieu, mêmes horaires, mêmes caresses... Le cerveau recevant les mêmes stimuli, renvoie les mêmes réponses. résultats l'instensité du plaisir s'affaiblit, en même temps que la créativitéet la sensualité.
3) Les tensions dans le couple.
4) La colère non exprimée (le ressentiment souterrain) envers son partenaire : elle se nourrie le plus souvent par des trahisons, concrètes ou symboliques, non pardonnées. Au moment de la relation sexuelle, le corps se ferme. Les émotions sont verrouillés, la sensibilité absente. Le jouissance, lorsqu'elle survient, est minorée.
L'amour à travers le miroir déformant de la société Depuis les années 1970, les valeurs individualistes mettent l’accent sur la liberté, l’autonomie et l’épanouissement de chacun. La grande spécificité du couple contemporain, explique François de Singly, est qu’il se construit sur un projet partagé au nom de l’émancipation individuelle. Aujourd’hui donc, être en couple, c’est être « libres ensemble », selon la jolie formule de ce sociologue pour qui la famille est aussi le lieu où se fabriquent les identités, à travers le regard et la reconnaissance de l’autre. Mais lorsque le projet commun ne satisfait plus l’une des parties, surviennent alors frustrations et « petits agacements » qui s’accumulent et engendrent ruptures et bifurcations. C’est ce que montre le sociologue Jean-Claude Kaufmann qui souligne « la variabilité continuelle » des constructions identitaires. Il arrive alors après avoir fait un bout de chemin ensemble, que les routes de chacun se séparent… La fusion conjugale ainsi que l’égalité des sexes dans le partage des taches produiraient les couples les plus durables. Alors que ceux qui valorisent l’autonomie et l’indépendance s’avèrent les plus fragiles : les valeurs sociales phares des sociétés contemporaines seraient-elles alors la cause de l’instabilité du couple traditionnel ? Dans une société favorisant les solutions rapides, la satisfaction instantanée, les résultats sans effort, les recettes infaillibles et les assurances tous risques (speed dtaing, site internet de rencontre,...) … si tout à coup la passion s’éteint, change de niveau, si les sentiments s’égalisent, les gens se séparent et recherchent d’autres partenaires, afin de se replonger dans le bain bouillonnant de l’amour passion. Cela provoque, chez des être fragile, l’idée que l’amour, c’est vivre en état d’emprise, voire d’addiction. La quête de la passion remplace celle de la liberté et de l’équilibre. Le goût de la dépendance est préféré à la sérénité et à la véritable connaissance de l’autre. L’amour vrai demande patience, persévérance, lucidité et lâché prise : toutes qualités qui se travaillent. L’amour vrai est à construire. L’amour vrai est un effort. qui rend au centuple ce qu’il a reçu. Dans une société qui prone qu'aller au boulot, répéter les mêmes gestes, faire l'amour avec les mêmes être tous les soirs, c'est raté sa vie, alors on ne peut s'empecher de penser rapidement que que l'on s'ennuie. Aujourd'hui tout le monde divorce en disant : "je m'ennuyais". Mais la plupart confondent le véritable ennui avec une lassitude normale, structurelle, qui n'est due ni à notre incompétence, ni l'incomplétude de l'autre (cf. l'ennui : le glas de l'amour). Notre société associe sexualité et jeunesse, mais nous ne sommes pas obligés de coller à cette conception superficielle des relations humaines.
Le couple mode d’emploi d’Harville Hendrix (Imago 2008) Aimer vraiment c’est :
On a souvent tendance à les prendre pour des preuves d'amour. A tort. Ces sentiments font dispraitre l'autre et nous raménent à nous.
Pouvons nous aimer deux personnes à la fois ? Psychologies magazine Octobre 2009 Quand nous aimons deux personnes, nous vivons souvent deux moments du sentiment : l'intensité des débuts et la force de l'attachement durable. Nous pouvons resentir de l'amour pour deux êtres, mais le désir amoureux n'est dirigé que vers l'un d'entre eux. La situation est difficile à vivre et peut devenir douloureuse à la longue. Nous nous embrouillons quand nous aimons deux personnes à la fois. l'amour n'obeit pas à une logique comptable. Il ne s'agit pas d'aller chercher chez l'un ce que l'autre n'a pas : à ma droite, la satisfaction de mes besoins ; à ma gauche, les fantasmes et l'idéal. L'amour ne consiste pas à remplir des vides en nous. Pourquoi aimons nous deux personnes à la fois ?
L'amour favorise les malentendus Psychologies magazine Mai 2011 Plus nous nous aimons, plus nous risquons les malentendus ! En effet, comme l'intimité crée une sensation de fusion spirituelle, nous ne prenons plus la peine de nous exprimer chairement. Nous nous parlons les yeux dans les yeux mais à demi-mot et en multipliant les allusions. C'est ainsi qu'un même message transmis au sein d'un couple ets plus incomplet que lorsqu'il est communiqué entre deux personnes qui ne se connaissent pas ou peu. La proximité crée une illusion de compréhension qui favorise les méprises, au risque de déclencher la dispute et - qui sait ? l'éloignement plus tard...
Enquete sur la sexualité des hommes Seulement 33 % des hommes interrogés se déclarent très satisfaits de leur vie sexuelle. En cause : la fréquence des rapports, qu'ils sont 63% à trouver insuffisante. Pourtant, 92% se disent amoureux de leur compagne. Tous les hommes feraient volontiers l'amour tous les jours, mais la pluspart d'entre eux s'adaptent au rythme de la vie, au respect de leur compagne et de ses désirs, tout simplement parce qu'ils préférent gérer cette frustation plutôt que de mettre en péril leur couple. 40% des hommes interrogés estiment que l'orgasme de leur femme est la condition d'un "rapport sexuel réussi". Volonté de l'homme d'affirmer sa virilité, pression pour la femme qui peut finir par simuler de peur de décevoir son partenaire.
Sexualité : la sexulaité contemporaine est entièrement centrée sur l'érection : preuve pour la femme qu'elle est désirable : pour l'homme qu'il peut combler sa partenaire. Epilation : l'épilation minimale relève de la pudeur, l'épilation intégrale relève comme la chirurgie esthetique, d'une relation pathologique avec son corps. les canons de la féminité résident dans un idéal de peau blanche, soyeuse. La peau lisse évoque la douceur, on a envie de la caresser. Elle évoque aussi la jeunesse, donc l'innocence. Elle permet également à la femme de se différencier de l'homme. Elle s'approche d'un modèle de corps créé par la mode, mais qu'elle s'est approprié. Les magazines font passer l'idée que l'érotisme est une question de sophistication : il faut s'épiler, utiliser des déodorants, des parfums, des lingettes intimes, etc. A force d'être "glamoureuse", la séxualité risque de devenir moins amoureuse. Car rien n'est moins apprêté que le désir. Taille du pénis : relève de l'identité de l'homme. Pour l'homme : fantasmer d'un gros pénis, signifie s'imaginer dépourvu de toute défaillance sexuelle. Dans la réalité, avoir un pénis surdimensionné peut être à l'origine de plainte de sa partenaire (relations inconfortables ou douloureuses) et les mouvements de va et vient sont rendus plus difficiles. Pour la femme : fantasmer sur un sexe masculin puissant qui les comble. Mais attention puissant, ne signifie pas énorme, mais entend l'expression d'une confiance, d'un savoir-faire et d'une saine agressivité. Pornographie : relève du fantasme du partenaire dominé actif. Le partenaire est entièrement soumis et désireux d'assouvir tous les fantasmes de l'autre. Généralement poussé à l'extreme, les situations ne procurent plus de plaisir physique, et ne font plus qu'alimenter le fantasme du partenaire dominé actif. La femme micro-onde / l'homme four électrique : relève de ce que chacun des partenaires attend de l'autre. Pour l'homme : une femme sans préliminaire. Pour la femme : un homme romantique.
Intelligence, ces trésors qui dorment en vous, par Claire Gordon, éditions Solar Votre couple communique-t-il ? Testez-vous. Répondez chacun par "oui" ou par "non" aux questions qui vous convernetn, puis faites le total séparé du nombre "oui" obtenus. Pour votre partenanaire
Pour vous
Si l'un de vous deux ou les deux ont obtenu de 1 à 3 "oui" : vos capacités de communication sont moyennes. Vous avez probablement des disputes assez vives ou vous laissez certaines choses non dites pour éviter les conflits. Travaillez sur cet aspect de votre relation pour améliorer vos rapports. Si l'un de vous deux ou les deux ont obtenu de 4 à 6 "oui" : vos capacités de communication sont bonnes. Vous parlez sans doute facilement, même si un ou deux sujets paraissent plus complexes à aborder. Essayez de les évoquer ensemble lorsque vous êtes tous deux d'humeur sereine. Si l'un de vous deux ou les deux ont obtenu de 7 "oui" ou plus : vos capacités de communication sont excellentes. Vous entretenez sûrement des relations étroites. Continuez sur cette voie. Si vous avez obtenu des cores totalement différents : vous êtes sans doute toujours ensemble parce que l'un de vous compense le manque de communication de l'autre.
Quelles sont les faiblesses de votre couple ? Testez-vous Classez ces affirmations dans l'ordre qui correspond à votre personnalité et à votre expériences passées.
Si les affirmations 1 et/ou 5 figurent dans vos trois premiers choix : attention à l'importance que vous accordez à la sécurité. Les personnes qui ont toujours besoin d'être rassurées ont souvent une mauvaise estime d'elles-même et sont constamment à la recherche de signes extérieurs confirmant leur valeur, ce qui est parfois éprouvant pour l'autre. Si vous avez l'impression que votre partenaire est trop bien pour vous, il (elle) pourrait bien le croire et vous quittez. Améliorez l'idée que vous avez de vous-même et cherchez une stimulation et un soutien à l'extérieur de votre relation. Si les affirmations 2 et/ou 4 figurent dans vos trois premiers choix : attention à votre penchant pour la critique. Les personnes qui submergent leur partenaire de reproche placent toutes leurs doléances sur le même plan, ce qui ne pousse pas l'autre à répondre aux véritables problèmes. Si vous critiquez tout, ne vous disputez pas à tout propos pour autant. Certaines personnes, en particulier les hommes, opposent une résistance aux affrontements verbaux en fuyant les question, ou en se renfermant dans un silence de pierre et derrière une expression glaciale. Cette réaction exprime un désintérêt, mais trahit aussi un mécanisme de repli sur soi pour se protéger. Si les affirmations 3 et/ou 6 figurent dans vos trois premiers choix : attention à la désillusion. les personnes désenchantées par leur couple perdent la volonté de le préserver et la relation risque de distendre jusqu'à la rupture. Si celui (celle) quie vous aimez vous déçoit, laissez un peu de place à l'affection. Essayez de vous souvenir de ce qui vous a séduit(e) lorsque vous vous êtes rencontrés.
Les raisons du coeur, Raphaële Miljkovitch, Les grands Dossiers des Sciences Humaines n°32, Septembre - Octobre - Novembre 2013 Extrait : .... A l'âge adulte, Capucine ne parvient pas toujours pas à faire valoir ses envies et désirs. Elle trouve son fiancé un peu trop froid. Pour le mettre dans de bonne dispositions vis-à-vis d'elle, elle le bichonne, lui prépare de bons petit repas. Amoureusement, elle le fait de bon coeur. Mais quand elle voit que ses effort ne sont pas récompensés par l'élan fougueux qu'elle espérait, elle rumine, en veut à son compagnon. C'est à son tour de se montrer froide. Son conjoint ne comprend pas pourquoi elle boude. Capucine n'arrive pas à dire ce qui la contrarie. Ces "petites choses" paraissent tellement insignifiantes qu'il est difficile d'en parler, d'avouer que c'est à cause de cela que la colère monte. Comme dans l'enfance, les besoins affectifs de Capucine ne lui semblent pas mériter que l'on s'y penche. Et pourtant, ils existent et elle n'espère qu'une chose, qu'on y réponde. Capucine elle-même ne se rend pas compte qu'en faisant la cuisine, ainsi que tout une série de gestes au quotidien, ce qu'elle cherche ces l'affection de son compagnon. Les manques de son passé, le sentiment de ne pas être entendue viennent prendre appui sur l'introversion de celui qui partage sa vie. Cette introversion rend légitime un ressenti qui l'accompagne, en fait, depuis bien longtemps.
Le couple, la demière utopie ? Traduit de l'anglais par MyriamDennehy Philosophie magazine n°69 - Mai 2013 Mythe de Midas et de Tantale profondément paradoxale du désir: un monde qui répondrait systématiquement à notre désir serait insupportablement monotone. Il ne nous permettrait pas de différencier les dimensions multiples de notre existence, de distinguer ce qui est l'objet de (et la réponse à) nos désirs et ce qui répond à des nécessités fonctionnelles. Si l'existence de Midas lui devient odieuse, c'est que son désir univoque en contamine tous les domaines. Ce mythe nous enseigne par ailleurs que la satisfaction du désir nous laisse sur notre faim. Malgré tout l'or du monde, ce sont les gestes les plus ordinaires, ceux qui consistent à se nourrir ou à prendre quelqu'un dans ses bras, qui s'avèrent les plus importants. Or ces gestes ordinaires s'avèrent irréalisables précisément parce qu'ils échappent à la logique du désir. Ils renvoient à la perpétuation de la vie, à sa routine, à ce que nous prenons pour acquis, au cadre organisationnel de notre vie, et non de nos désirs. Le mythe de Midas met en garde ceux qui voudraient voir accompli leur désir le plus profond. Sitôt exaucé, il nous empêchera de nous sentir rassasiés, car la véritable satiété ne consiste pas dans l'assouvissement du désir. Manger ou embrasser nos enfants, telles sont les nécessités existentielles. Le mythe de Tantale fait contrepoint à celui de Midas. Au lieu d'être récompensé pour une bonne action, Tantale est puni pour un crime abominable (celui d'avoir découpé en morceaux et servi en ragoût son propre fils). Dans la hiérarchie des crimes barbares et inhumains, le sien est sans doute le pire. Les dieux le condamnent donc à rester sous un arbre dont il ne peut attraper les fruits, à côté d'un lac dont il ne peut s'abreuver. On comprend ici que le châtiment est proportionnel à l'horreur du crime. La situation de Tantale est exactement l'inverse de celle de Midas: l'objet de son désir lui échappe dès qu'il s'en approche. Son supplice tient à une illusion sensorielle: il voit le fruit, il voit l'eau, mais il ne peut les saisir. Malgré leurs différences, bien que l'un soit récompensé et l'autre puni, Midas et Tantale sont tous deux incapables d'assouvir leur faim. Mis en regard, ces deux mythes illustrent ce que le désir a d'impossible. Qu'il soit assouvi ou frustré, le désir est toujours voué à l'échec. Par définition, il consiste en effet à vouloir attraper un objet qui se trouve à portée de main et qui pourtant nous échappe. Peu importe que le désir soit ou non assouvi : dans tous les cas, il manque sa cible. En outre, s'il génère autant de souffrances, ce n'est pas parce que son objet est hors de portée, mais justement parce qu'il nous paraît si proche, si facile à atteindre et en même temps si étrangement élusif. Le supplice de Tantale, qui consiste à convoiter l'insaisissable, ne trouve pas son contraire dans le voeu de Midas, où tout ce que nous touchons répond à notre désir. Les gestes les plus essentiels échappent à la logique mécanique du désir. En ce sens, le désir est profondément aporétique: inassouvi, il nous frustre; comblé, il nous empêche d'accéder à l'essentiel, qui n'est pas déterminé par le désir. Ces mythes qui nous viennent de l'Antiquité s'appliquent encore à une situation très moderne: celle du couple. Définition : ensemble par choix, non par devoir Commençons par définir ce qu'un couple n'est pas. Un couple, ce n'est pas deux personnes follement éprises l'une de l'autre: si leur liaison est clandestine, elles ne forment pas cette unité socialement légitime que nous appelons couple. Ce n'est pas non plus un mari et une femme : les familles hétérosexuelles prémodernes formaient des unités composées de plusieurs autres personnes (enfants, domestiques, parents, grands-parents). Dans cette configuration, l'homme et la femme ne forment pas un couple; ils sont à la tête d'une organisation sociale (s'ils restent ensemble à cause des enfants, un homme et une femme peuvent être mariés sans forcément former un couple). Un couple, ce n'est pas non plus deux personnes qui ont des relations sexuelles: si elles ne se projettent pas dans l'avenir, elles prennent simplement leur plaisir où elles le trouvent. Un couple suppose que deux personnes (homo- ou hétérosexuelles) s'isolent pour ainsi dire du reste de la société qui reconnaît toutefois leur unité et leur intention de passer au moins une partie de leur vie ensemble. Le couple se définit par les conditions suivantes : deux personnes choisissent délibérément de se consacrer l'une à l'autre; leur union est « légitime », sans être nécessairement institutionnalisée par le mariage; elles envisagent l'avenir ensemble, mais sur un mode contractuel, pour autant qu'elles y trouvent leur intérêt; elles ne sont pas aveuglées par la passion mais décident d'établir une intimité amoureuse en partageant leur vie intérieure, leurs expériences et leurs projets; elles sont attachées l'une à l'autre par choix, et non par devoir. Leurs sentiments sont censés être le reflet de leur liberté: l'union est librement consentie et chacun est libre de quitter l'autre. Le partenaire est ici dépositaire de la confiance, des confidences et du bien-être de l'autre. Cette unité sociale suppose donc une certaine capacité à se détacher du monde environnant, à se concentrer intensément sur l'autre, à en attendre une continuité, à faire des projets ensemble, à se fixer des objectifs communs, sans pour autant être contraint à un engagement pour la vie. Le couple est une île, mais une île en liaison maritime permanente avec d'autres îles possibles. Cette unité apparemment simple, soudée par le libre arbitre et les sentiments, s'avère aujourd'hui très difficile à mettre en place. C'est même l'une des unités sociales les plus déconcertantes. Plus qu'aucun autre phénomène sociologique, elle échappe à tous les livres, romans, poèmes, traités philosophiques, théories psychologiques et manuels de développement personnel. Aucune autre organisation sociale n'a fait l'objet d'enquêtes aussi approfondies; une multitude d'institutions s'efforcent de l'analyser et de donner des indications pour le construire ou l'améliorer. D'où cette interrogation sociologique: pourquoi le couple est-il un projet aussi difficile à concrétiser ? La réponse renvoie à un paradoxe culturel ; en devenant problématique, le couple est aussi devenu utopique. L'utopie amoureuse est un phénomène culturel propre à la modernité. Elle est promue par le discours et la pratique psychologiques dominants, qui proposent toute une panoplie de conceptions de l'individu, du psychisme et de son histoire (le lien amoureux entre l'enfant et ses parents, par exemple). L'utopie amoureuse s'articule sur deux axes : elle nous promet le bonheur par le biais d'une certaine disposition affective et mentale et, pour atteindre celle-ci, elle préconise certaines méthodes de transformation de soi. L'expérience de l'amour, du mariage et du couple correspond désormais à une véritable utopie sentimentale. Les gens considèrent qu'il ne faut consulter qu'eux-mêmes et leurs sentiments pour établir s'ils sont amoureux et s'ils ont une chance d'être heureux avec tel ou tel partenaire. Les sentiments sont devenus notre boussole interne, le critère qui décide de notre engagement, de notre mariage et de la qualité de notre vie commune. Les sentiments sont le mot d'ordre de la subjectivité. Le défi consiste alors à trouver la personne avec laquelle réaliser l'utopie amoureuse. Cette utopie nous fait miroiter que nos souhaits, nos désirs et nos besoins seront à la fois révélés et réalisés avec quelqu'un d'autre. L'insularité du couple est historiquement liée à l'utopie moderne du bonheur. Conçu comme projet d'épanouissement personnel, le bonheur se formule en termes de sentiments. Ce n'est plus l'eudaimonia des Grecs, le bien-être que procure la pratique de vertus publiquement reconnues et valorisées. Le bonheur est désormais un projet consistant à identifier les besoins ou les objectifs individualisés, idiosyncratiques et personnels d'individus autonomes. Sexe, sensations fortes et intimité L'utopie amoureuse qu'est le couple se déploie sur trois terrains culturels et sentimentaux différents. La sexualité est le principal terrain sur lequel se démontre le lieu amoureux. Elle s'est imposée comme un élément indispensable des relations amoureuses, un lieu privilégié où s'exprime l'intimité, voire un signe du bien-être du couple. La conception de la sexualité comme condition nécessaire de l'amour est un phénomène moderne. La modernité a vu dans la sexualité la pierre de touche de la santé mentale et de la maturité, le signe de notre bonne entente avec l'autre, le lieu où faire la preuve de notre équilibre psychique fondé sur l'hédonisme: il faut être capable de donner du plaisir et d'en recevoir. À l'aune de la psychologie, qui en fait un signe de santé mentale et de maturité affective, la sexualité est ainsi devenue une condition de réalisation de l'utopie sentimentale. Autre terrain où s'expriment les sentiments: les loisirs, la production d'expériences nouvelles et de sensations fortes. Les couples modernes sont de grands consommateurs de loisirs. Ils vont au cinéma, partent en vacances ensemble, vont au spectacle, pratiquent un sport, etc. Les loisirs ont été conçus par et pour les couples qui en sont consommateurs. Ce nouveau modèle d'interaction fait des sensations fortes un ingrédient indispensable de l'utopie amoureuse. Les sentiments amoureux seraient à la fois produits et éprouvés par le biais de la détente, des sensations fortes et de la nouveauté. Le troisième idéal à atteindre est celui de l'intimité amoureuse. Souvent conçue comme inhérente au couple, l'intimité est en réalité une notion moderne. L'expression des émotions et l'épanchement permanent sont désormais le principal moyen d'afficher et de partager sa subjectivité dans le contexte d'une relation amoureuse. Le couple est devenu le chantier d'excavation des affects. Parler de ses sentiments, les manifester, les gérer, les éprouver à l'unisson sont autant d'êléments nécessaires à la vie de couple, cautionnés par la culture psychologisante quivoit dans l'intimité amoureuse le signe d'un couple fonctionnel. Il suffit pourtant de regarder autour de nous pour constater à quel point le couple tel que nous venons de le définir est problématique. C'est à se demander si le couple moderne n'est pas un projet irréalisable. Les statistiques du divorce ne sont que la partie émergée de cet iceberg de misère sentimentale auxquels se heurtent les couples modernes. Cette misère sentimentale prend des formes diverses : conflits quotidiens par rapport aux tâches ménagères et à l'éducation des enfants; lassitude ou insatisfaction sexuelle ; tentations d'aventures amoureuses ou sexuelles avec d'autres partenaires ; jalousie face à l'indépendance ou à la réussite de l'autre ; volonté de préserver son autonomie et son indépendance tout en étant en demande d'affection et d'engagement. Les relations modernes sont criblées d'apories sentimentales et de questions sans réponse: « Comment satisfaire aux demandes de l'autre ? » ; « Que suis-je en droit d'attendre de l'autre sans empiéter sur sa liberté ? » ; « Quand imposer ma volonté et quand faire des compromis ? ». Au fond, le couple est le laboratoire où l'individu moderne explore et teste ses incessantes contradictions. Mais pourquoi donc est-il si difficile de former un couple satisfaisant ? 1er obstacle: l'ego 2ème obstacle: l'égalité 3ème obstacle: l'ennui la dérive sur une mer instable 4ème obstacle : le toujours mieux 5ème obstacle : l'autonomie À bien des égards, nous sommes les Midas de la vie sexuelle et sentimentale; nous cherchons à parer des éternelles dorures du désir tous les aspects de notre vie de couple. Libéré de l'institution et des conventions, soumis à la seule logique du désir, le sentiment amoureux nous laisse pourtant insatisfaits : ce geste ordinaire, celui d'embrasser un enfant, nous fait cruellement défaut. Cette insatisfaction chronique est aggravée par le fait que, comme Tantale, nous contemplons le fruit que nous ne pouvons pas goûter, nous regardons l'utopie amoureuse sans jamais pouvoir la réaliser. Dès que nous croyons pouvoir l'atteindre, celle-ci nous échappe. Au fond, avons-nous encore besoin du couple ? N'est-ce pas là une institution superflue, qui entrave l'épanouissement personnel et nous confronte à nos propres contradictions ? Le couple est générateur de confusion, de conflit, de solitude et de souffrance. Les statistiques mêmes le prouvent : de plus en plus de gens font le choix de vivre seuls. À mon sens, la notion de couple mérite tout de même encore d'être défendue, ne serait-ce que parce qu'elle prend le contre-pied de l'idéologie dominante. Pourquoi ? Parce que le couple monogame (pour s'en tenir à sa définition conventionnelle) est sans doute la dernière organisation sociale à résister aux principes du capitalisme. Un couple prend defacto position contre la culture de maximisation du choix, contre la conception du moi comme lieu permanent de sensations fortes, de jouissance et d'épanouissement personnel. Le couple fonctionne selon une économie de la rareté, au sens où il requiert des vertus et une force de caractère que la société moderne ne nous inculque plus. Il suppose que l'on soit capable de singulariser autrui, de renoncer au calcul, de tolérer l'ennui, de mettre l'épanouissement de côté, de s'accommoder d'une vie sexuelle (souvent) médiocre, de préférer l'engagement à l'insécurité contractuelle. Le couple, malgré tout ce qu'il a de conventionnel, est garant de valeurs autres que celles du marché. Par une ironie de l'histoire, le couple ne propose-t-il pas une alternative radicale à notre culture dominante, par le biais, non d'une transsion, mais d'une indéfectible persévérance qui nous ren fidèles aux autres comme à nous-mêmes ? |